lundi 5 novembre 2012

La théorie de l'information

Comment vais-je vous parler de ce livre en étant la plus juste possible alors que dans ma tête c'est encore un peu confus ?
 
La théorie de l'information est le premier roman d'Aurélien Bellanger, 32 ans, philosophe, édité chez Gallimard (pas mal !) qui nous raconte la révolution numérique en partant de l'aventure du Minitel pour arriver aux ravages de Facebook (je le fais court ...).



Je tournais autour de ce livre depuis sa sortie. J'hésitais. J'entendais de bonnes critiques, le sujet m'intéressait mais j'hésitais. J'avais même prévu de le mettre sur ma liste au Père Noël. Et Noël a sonné bien en avance grâce à Pam, qui s'est procuré le livre pour moi (je ne dirai pas comment :-) mais merci Pam !!).
 
Donc après Ken Follett et la traversée de la Grande Guerre, je fais un bon dans les années 80 à Vélizy, en plein lancement du Minitel. Oui, je sais, je m'adapte vite !
Et là j'avoue que les 300 premières pages (il y en a 500) m'ont captivée ! j'ai enfin compris pourquoi et comment sont nés le Minitel, les opérateurs en télécommunications, les fournisseurs d'accès internet ... bref mon boulot !
 
 
 
Aurélien Bellanger a créé le personnage de Pascal Ertanger en se basant sur une 15aine de dates clés de la vie de Xavier Niel, le fondateur d'Iliad (Free pour le grand public). Nous le suivons de son enfance à la construction de son empire numérique. Et c'est passionnant. Enfin pour moi ça l'a été, mais je ne suis pas certaine que ça plaise à tout le monde. C'est à mon sens l'anti-sujet pour un livre. Plusieurs fois j'ai pensé que je lisais une thèse, très bien écrite certes, mais une thèse. Et j'ai compris pourquoi : les personnages ne sont absolument pas attachants, ils n'ont pas de relief, on ne rentre pas dans leur vie, c'est uniquement descriptif, clinique.
On pense beaucoup à Houellebecq mais il manque une consistance aux personnages.
 
J'avoue qu'un fois l'empire créé, quand le livre bascule dans le futur, la science fiction, j'ai lâché. Alors que vraisemblablement c'est là qu'on passe à la partie "roman" où l'auteur philosophe sur les conséquences de ce monde ultra connecté. Mais la science fiction et moi ça fait 2, voire plus.
 
Il y a 2 lectures qui font que j'ai aimé ce livre, enfin les 2/3 du livre. Et rien que pour cela je suis très satisfaite de l'avoir lu, j'ai compris la génèse de l'internet actuel, et cela me permet de mieux appréhender le futur :
 - l'essai descriptif, très bien écrit, documenté, clair et précis de ce qu'ont été les débuts du numérique en France et comment "Xavier Niel" a réussit à devenir la 12ème fortune de France en partant d'un pavillon de banlieue.
- la thèse philosophique où les mathématiques, monde de l'abstrait rejoint le mysticisme le plus profond. Quand Pascal a créé la première machine à calculer, il s'est ensuite réfugié à Port Royal pour méditer. Il avait atteint une perfection mathématique proche du divin. Quand le héros du livre, Pascal Ertanger conçoit sa box, il manipule lui aussi la science, il est dans une sorte de mysticisme.
 
 
Quand le minitel fut lancé, le but était de relier les hommes, de leur donner de l'information, d'aider les populations rurales loin de tout. Une nouvelle économie numérique naissait, des codes étaient à construire et comme toujours les plus malins ont su trouver les failles.
Le Minitel est la base de la fortune de Xavier Niel : technologie très simple, modèle économique vertueux à qui sait l'exploiter. On le dit "pirate", "voyou", certes. Mais surtout bien plus décompléxé que les technocrates qui produisent des rapports très intelligents mais n'exploitent pas les possibilités de leur création. En cela Niel est brillant. Bon, après il manque de générosité, de partage, mais c'est une autre histoire.
 
 
CONCLUSION
Est-ce que je vous conseillerais ce roman ? ah ah .... difficile à dire.
Pour ceux que la science intéresse, pour toutes mes connaissances professionnelles, OUI. Cela me parait même indispensable à lire pour savoir d'où on vient et pourquoi on est là, dans nos bureaux à travailler.
Pour les fâchés des maths, des sciences ... alors NON. Cela risquerait de vous angoisser, de vous effrayer et, hélàs, les personnages ne parviennent pas à équilibrer l'ouvrage.
 
Aurélien Bellanger est jeune, il écrit bien, il est manifestement intelligent. Il a le mérite de parler de son temps, d'écrire sur ce qui a révolutionné le monde en quelques années, d'aller là où les écrivains vont rarement, de concilier l'informatique à la littérature.
Seulement je pense qu'il manque juste à son livre l'émotion, les sentiments, la psychologie pour qu'il devienne un roman. De l'humain en fait, mais il a peut-être est-ce fait exprès ....
 
Kate Manzana


 

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