Le musée de la Toile de Jouy est à Jouy en Josas à quelques kilomètres de Paris, non loin de Versailles, dans une vallée verdoyante et calme.
Avec Pam, depuis 1912, nous parlions d'aller y faire un tour. Et enfin, ce week end, nous avons réalisé ce vieux projet. Mieux vaut tard que jamais, comme dirait l'autre !
La Toile de Jouy, vous connaissez ? vous savez ce motif pastoral imprimé sur une toile de coton, le plus souvent rose ou bleu, qui ornait les chambres des petites filles sages ...
Avec Pam, nous avons appris énormément sur la manufacture, le procédé technique, les motifs ... et nous avons balayé nos idées reçues : non la Toile de Jouy n'est pas que motif pastoral, qu'on se le dise !
Le musée est situé dans la maison du maître de la manufacture, Christophe-Philippe Oberkampf. Première leçon d'histoire : je ne savais absolument pas que la famille Oberkampf avait fondé et produit la Toile de Jouy ... Les mojitos de la rue Oberkampf n'auront plus jamais la même saveur dorénavant !
Il ne reste que ce bâtiment de la Manufacture créée en 1760 qui employait 13 000 ouvriers !
Oberkampf avait décidé d'ouvrir l'usine en dehors de Paris, pour la qualité de l'eau, et aussi pour pouvoir embaucher plus de monde (des histoires de lois et d'impôts, déjà ...).
Le domaine est immense, des dizaines d'hectares, avec des bâtiments plus grands les uns que les autres. Le très long bâtiment à droite est l'endroit où la toile était imprimée. Il s'étendait sur des dizaines de mètres. Et dehors, dans les près, on voit le patchwork des toiles qui sèchent.
La Manufacture ouvre en 1760 et fermera en ... 1843 pour des raisons historico-économiques : phénomène de mode, concurrence de produits meilleurs marché (H&M avait dû ouvrir dans le coin) et disparition du patron ... Une histoire déjà très moderne !
Le musée présente l'histoire de cette toile, très liée à ... l'Histoire avec un grand H.
Tout part des Indes, des cotons, des motifs floraux ... Les cotonnades sont importées, les motifs sont créés par l'excellent Jean-Baptiste Huet qui excelle dans le genre et contribue à la renommée des toiles de Jouy.
Le coton arrivera d'Amérique. On est plein dans la guerre d'Indépendance, les esclaves, les champs de coton ... D'ailleurs plusieurs motifs reprennent cette période de grande amitié franco-américaine.
Une fois le coton livrée, les ouvriers se mettent en travail et ça n'est pas de tout repos ...
Le musée nous livre toutes les étapes de la technique d'impression.
1 - Trempage dans le lit de la rivière puis battage et passage à la calandre pour écraser le grain du tissu.
2 - Impression à la planche de bois ou au rouleau en cuivre des acides : ça ne teint pas mais ça prépare la toile et les couleurs seront révélées à l'étape 4.
3 - Bousage (c'est mon étape préférée :-) : bain tiède de bouse pour éliminer les excès du tissu
4 - Garançage : bain de garance (plante à racine rouge) qui agit comme révélateur
5 - Exposition des toiles dans le pré
6 - Application des couleurs manquantes
7 - Glaçage (chintz) : application de cire et d'amidon et polissage avec une bille d'agate ou de cristal.
Un vrai métier d'art qui demande savoir faire et main d'oeuvre.
De nombreuses manufactures ouvriront à Nantes, Rouen, en Alsace.
Les toiles représentent des motifs floraux, champêtres, pastorales, historiques, antiques (surtout à l'poque napoléonienne). La Manufacture suit les modes.
Le musée est très bien aménagé, didactique et très documenté. Un audio guide est proposé pour approfondir les cartels déjà très précis.
Le rez de chaussée est consacré à l'histoire de la manufacture et la technique, le 1er étage présente une grande collection de toile et met en avant le travail des manufactures de Province.
Les toiles (vendues aujourd'hui) sont exposées ainsi que des réalisations mobilières.
Avec Pam, nous avons beaucoup apprécié une des toiles qui représentait le premier vol de Montgolfière à la fin du 18e siècle. J'ai repensé à cette merveilleuse trilogie écrite par Jean Diwo, Les Dames du Faubourg, qui narre l'aventure d'une famille d'ébéniste sur plusieurs générations Faubourg Saint Antoine, qui travaillera avec les fabricants de toiles pour Montgolfière. Si vous n'avez jamais lu ces livres, foncez, c'est un régal pour qui aime les romans historiques.
J'ai vraiment beaucoup appris sur la technique de la Toile de Jouy et sur l'histoire de la Manufacture intimement mêlée à l'Histoire de France. La visite est très agréable et a magnifiquement clos un été anglais, très marqué fin 18e avec mes lectures austeniennes. D'ailleurs les robes présentées à Jouy sont vraiment celles que porteraient les héroines de Jane Austen.
Verdict : Pam et Kate vous recommandent vivement cette sortie champêtre et culturelle.
Un seul conseil, si vous venez un jour de soleil, préemptez assez tôt une des tables de la terrasse pour déguster un thé et des scones préparés maison ...
Très bonne visite !
Kate Manzana
en savoir plus : http://www.museedelatoiledejouy.fr/
Bravo Kate pour ce reportage vivant, précis et très bien expliqué :)
RépondreSupprimerCe fut une très jolie visite (sous un beau soleil de surcroît) et j'ai aussi appris plein de choses.