Grande adepte des prix Femina, je n'ai pas résisté au prix étranger 2010 : Purge de Sofia Oksanen chez Stock.
Sofia Oksanen est finnoise, de mère estonienne.
Et le roman se passe en Estonie, sur fond de communisme et nazisme des années 40 et d'ouverture des années 90.
Et l'histoire navigue dans les époques, les pays (Estonie, Russie, Finlande) et les histoires personnelles d'une famille prise dans la tourmente de l'Histoire.
Sur fond de (lourd) secret de famille, de peur, de non-dits, de violence, les personnages évoluent, pris dans les méandres de leur vie difficile. Ils sont tous très torturés, ballotés par les événements. Ils tentent de garder leur dignité. Mais comment rester dignes quand on vit des choses insupportables ? quand l'avenir est gris ?
Et les personnages du roman restent dignes, parce qu'en accord avec eux-mêmes. Certes ils ont des failles, ils ont des actes déplacés, dévastateurs, mais ils sont eux, non maléables, malgré ce qu'ils endurent.
Ils ne sont pas spécialement touchants, pas très aimables, mais leur vie difficile est une leçon de vie pour nous qui connaissons depuis plus de 200 ans la Liberté.
Que la vie doit être difficile dans ces anciennes républiques soviétiques où l'Homme ne pouvait être lui-même, mais devait cacher ses opinions, ses états d'âmes.
Sofia Oksanen a un peu plus de 30 ans (elle est jeune la bougresse !), un look de finlandaise punk, et une écriture d'une clarté, d'une profondeur qui vous envoûte. La construction de son roman, non linéaire permet de dévoiler petit à petit les énigmes et de lever les voiles sur les pages précédentes.
Une écrivaine brillante, attachante, prometteuse, et bravo encore au Prix Femina pour ses choix toujours éclairés et exigeants.
Kate Manzana.
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