mardi 5 avril 2011

Helena Rubinstein : la biographie



De Helena Rubinstein, je ne connaissais pas grand chose. Mise à part mes deux produits fétiches et absolument indispensables depuis de nombreuses années, à savoir le mascara Lash Queen et le Magic Concealer, je ne savais rien de la femme, créatrice de cette marque, jusqu'à ce que je me plonge (et sois très vite happée) dans la formidable et passionnante biographie que Michèle Fitoussi - éditorialiste au magazine ELLE - vient de lui consacrer.

Née en 1872 dans le ghetto juif de Cracovie, Helena Rubinstein, l'aînée de 7 soeurs, grandit dans une famille pauvre. Très tôt, elle rêve d'ailleurs, d'aventures, d'une vie plus grande, et pressent déjà qu'un destin hors du commun l'attend quelque part. Aussi, c'est seule, et âgée de 24 ans, qu'elle s'embarque un beau jour sur un bateau à destination de l'Australie, rejoindre l'un de ses oncles. Elle y vivotera de petits boulots misérables, se tuant à la tâche 16 heures par jour pour gagner trois fois rien. De là sans doute lui vient sa pugnacité et son indéfectible énergie, qui, jusqu'à sa mort, à 93 ans, ne la lâcheront pas.



Elle croise la route d'un apothicaire, qu'elle persuade de l'embaucher, et auprès duquel elle apprend les rudiments des préparations pharmaceutiques et botaniques. Pionnière dans le domaine de la cosmétique, elle met au jour et à force d'essais innombrables une première crème pour le visage, la crème "Valaze" ("don du ciel" en Hongrois), composée de lanoline, ingrédient dont elle est la première à découvrir les bénéfices hydratants et nourrissants pour la peau.

Elle ouvre son premier institut de beauté à Melbourne en 1902 (année de l'obtention du droit de vote des femmes australiennes), fabricant la nuit ses propres pots de crèmes et les vendant le jour. Forte du succès qui se fait rapidement jour, elle démocratise l'usage du maquillage, jusqu'alors réservé aux actrices et femmes de mauvaise vie.  Soucieuse du détail et de la qualité de ses produits, elle travaille ensuite en étroite collaboration avec des chirurgiens plasticiens, diététiciens, scientifiques, car elle considère la beauté comme un tout.

Infatigable voyageuse, elle fera plusieurs fois le tour du monde, installera, au fil des ans et du succès qu'elle rencontre, des instituts de beauté à Paris, Londres, New York, puis en Asie, dans lesquels elle se rendra régulièrement tout au long de sa vie, pour contrôler la qualité des soins et des produits proposés sous sa marque. 

Grande amatrice d'art, elle accumulera tout au long de son existence une étonnante et hétéroclite collection d'objets d'art, tableaux, meubles, bijoux. Elle côtoiera le tout-Paris artistique et intellectuel, puis le tout New York, connaîtra bien des tempêtes et remous dans sa vie amoureuse.



Dotée d'un très fort caractère et d'un sens inné du marketing, celle qui inventa la cosmétique moderne règnera très longtemps sur un empire où peu lui feront de l'ombre, si ce n'est, quelques années plus tard, sa grande et éternelle rivale Elizabeth Arden, puis, plus tard encore, et de façon assez féroce, Charles Revlon.

Cette femme au parcours et au tempérament exceptionnels, partie de rien pour devenir milliardaire, revit sous la plume alerte de Michèle Fitoussi. La biographie se lit comme un roman (la vie de Helena Rubinstein n'en est pas éloignée). Le tout est fluide, passionnant, foisonnant, il dépeint tout un univers de beauté, d'amour, de haine, et d'art, se refermant presque trop tôt sur le destin inouï et le parcours non moins étonnant de cette pionnière de la beauté.

Désormais, le matin, en appliquant mon mascara, j'ai une pensée émue pour ce petit bout de femme (1,47 m) qui a tant fait pour la beauté des femmes, et un peu, donc, pour la mienne :-)

("Helena Rubinstein. La femme qui inventa la beauté". éd. Grasset - 496 p. Sortie sept. 2010)

Pam Baileys

1 commentaire:

  1. J'ai aussi lu récemment ce livre, j'ai beaucoup aimé, il apprend énormément de choses.

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