samedi 17 mars 2012

Le chagrin

J'ai longuement hésité à commencer ce livre. A l'acheter d'abord, puis le lire.
Après tous les éloges, les articles parus, je me suis lancée.
Et j'ai adoré Le chagrin de Lionel Duroy


Lionel Duroy nous plonge dans son enfance, et même au delà, avant sa naissance. Et nous l'accompagnons jusqu'à ses 40 ans. Une partie de sa vie, jusqu'à sa libération du passé, jusqu'à l'arrêt du chagrin.

Le chagrin d'être né dans une famille de 11 enfants que les parents ne pouvaient pas élever à la hauteur de leurs espoirs.
Le chagrin de vivre dans une famille aux idées arrêtées.
Le chagrin de détester sa mère.
La chagrin d'aimer sa mère.
Le chagrin d'avoir raconté son enfance dans Priez pour nous et d'avoir été banni de sa famille.


Et Lionel Duroy remonte à la source de son chagrin. Il la situe à ses 3 mois quand sa mère le laissera pour sauver son aîné du choléra. Elle laissera son bébé quelques semaines pour s'occuper du plus grand qui manque de mourir.
On ne peut pas en vouloir à une mère pour cela et pourtant Lionel Duroy sent une blessure profonde. Peut-être aussi que sa mère n'a pas su ensuite lui consacrer le temps nécessaire pour panser la plaie. Avec tous ces enfants qui se succèdaient, avec un mari croquignolesque qui lui promet une vie plus qu'au dessus de leurs moyens.
C'est étonnant cette tendresse qu'il porte à son père et cette haine à sa mère. Bien sûr son père à des allures de beau parleur, il met de la couleur dans la vie, mais il peut aussi plonger sa famille dans la honte. Sa mère et ses 10 enfants (1 meurt à la naissance) avec son éducation étriquée, avec sa condition de femme des années 50/60 doit parvenir à vivre, à avancer.
C'est la seule interrogation de ce livre. Pourquoi aussi peu de compassion pour la mère et tant de pardons pour le père ? devant la sensibilité de Lionel Duroy il doit bien y avoir une raison, mais je ne l'ai pas trouvée ...
C'est un livre tendre malgré tout car on ne ressent pas de rancoeur ni de colère. Après tout on vit son enfance comme unique. Il voit bien qu'ailleurs c'est différent, mais que peut-il y faire ?
Il avance, il se construit, il construit, et quand l'enfance le submerge, il écrit et détruit son passé.
Alors il renaît et entame une nouvelle vie pleine de promesses sans chagrin.


J'ai beaucoup pensé au livre de Delphine de Vigan, Rien ne s'oppose à la nuit. Le récit de l'enfance vus par des adultes qui ont su s'en sortir, non sans casse, mais plus lumineux.

On sort sans chagrin de ce livre, sauf celui de l'avoir terminé.
Kate Manzana

1 commentaire:

  1. Madame Archibald17 mars 2012 à 21:15

    et bien, dès que j'ai fini le bouquin commencé à Noël (hum hum) je m'y mets ;-) belle critique Kate !

    RépondreSupprimer