vendredi 17 mai 2013

Le sang des Borgia

Après les Medicis, je me suis attaquée à la vie d'une autre célèbre dynastie italienne du XVe siècle : les Borgia.

Lesquels, en matière de perversions, complots, barbaries, trahisons, amours sacrifiées et autres joyeusetés du même acabit, n'ont rien à envier à leurs voisins florentins.

Nous sommes à Rome, en 1492 et le cardinal Rodrigo Borgia est élu pape sous le nom d'Alexandre VI. L'homme de dieu n'en est pour autant pas moins homme tout court et ne saurait sacrifier, tout souverain pontife qu'il est désormais, aux plaisirs terrestres : il aime l'argent, le pouvoir, la bonne chair et le doux vin, papillonne de maîtresse en maîtresse, semant sur sa route une floppée de bâtards non reconnus.

Quatre des ses enfants naturels font pourtant exception : César, Luis, Geoffroy et Lucrèce grandissent auprès de lui au Vatican. Au contact de leur père, chaque enfant développe un caractère différent, quoi que tous soient de tempérament assez vif et sanguin, évoluant très tôt dans les arcanes du pouvoir où la trahison, le meurtre et le stupre sont rois, sous couvert de probité papale.

Mais, tout comme les Medicis, les Borgia forment une famille assoiffée de pouvoir et d'argent (dont, au passage, ils ne manquent pas, puisant copieusement dans les cassettes du Saint-Siège). Et, pour asseoir davantage leur autorité aussi bien qu'accroître leur déjà immense fortune, là encore les mariages se décident au mépris des sentiments. Les noms, les patrimoines et les relations politiques entre seules en ligne de compte.

La jeune Lucrèce, 12 ans, est ainsi la première des enfants à être sacrifiée sur l'autel de l'argent : son pape de père la marie à un homme bien plus vieux qu'elle, violent de surcroît, mais qu'importe si l'hymen est malheureux, elle épouse un duc, donc échoit d'un duché, d'un titre de duchesse et de l'argent qui va avec. 

Pas encore nubile et peu au fait de ce qui l'attend pour sa nuit de noces, son père décide de la faire dévirginiser. Et ne trouve pas plus intelligent pour ce faire que de mettre dans le lit de la jeune fille son frère aîné, César, et d'assister à la scène. Il lui en cuira de cette décision qui pèsera lourdement sur le sort de chaque membre du clan Borgia.

César, quant à lui, est un jeune homme colérique, bagarreur et impétueux, ne rêvant que de guerroyer, mais Alexandre VI l'ordonne cardinal, bien résolu à faire de lui son légitime successeur au Saint-Siège. Hélas, après plusieurs années de cardinalat, César implore son père de le destituer et de lui faire prendre la tête de l'armée pontificale, ce que le souverain pontife accepte. Il sait son fils courageux, vaillant au combat, assoiffé de sang et de vengeance contre les nombreux ennemis des Borgia, et tant de terres italiennes sont encore à faire tomber dans leur escarcelle.

Le clan Borgia, par le sang, les meurtres, la torture, la trahison, le péché et tout le catalogue des horreurs que peut commettre l'humain, étend peu à peu son pouvoir, gagne de nombreuses victoires et gonfle son patrimoine de nombreuses villes conquises par César à la force de l'épée.

Pendant ce temps, Lucrèce (qui s'aperçoit vite qu'elle est enceinte, mais non de son mari), sous le joug de son père et soumise à ses devoirs, subit un sort peu enviable. Malheureuse dans son mariage, elle entretient toujours des liens charnels avec son frère César, éperdus d'amour l'un pour l'autre.

Peu à peu, ce guerrier sanguinaire, avec l'appui et la fortune que met le pape à sa disposition, devient l'homme le plus puissant et le plus craint de Rome et de bien d'autres villes italiennes. Mais le vent du succès tourne bientôt,  annonçant la chute et la disgrâce des Borgia : Alexandre VI meurt de la malaria, le pape Pie III lui succède au Vatican... durant... 27 jours !... lui-même remplacé par Giuliano della Rovere, ennemi n°1 des Borgia depuis toujours, qui coiffe la tiare papale sous le nom de Jules II.

Très affaibli par la malaria qu'il a également contractée, César, trop sûr de lui et de son pouvoir tombe dans un piège ourdi par ses vieux ennemis. Il y laisse la vie, puis peu à peu se fâne jusqu'à s'éteindre totalement le nom des Borgia de la cité romaine.

"Le sang des Borgia" de Mario Puzo (Le Livre de Poche, 2004, 480 pages)

Pam Baileys

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