mercredi 19 décembre 2012

Anna Karénine, le film


 Adapté du roman éponyme de Leon Tolstoï, (publié en 1877), le nouveau film de Joe Wright arrive sur nos écrans en cette fin d'année, avec, dans les rôles principaux deux de ses acteurs de "Orgueil et préjugés", à savoir Keira Knightley dans le rôle d'Anna Karénine et Matthew MacFaddyen dans le rôle de son frère Oblonsky.



Le film est très fidèle au roman, dont je rappelle brièvement l'histoire :  Russie, 1874. Anna, femme de Karénine, haut fonctionnaire du gouvernement, très estimé et respecté, quitte Saint-Pétersbourg pour se rendre à Moscou chez son frère, Oblonski. Celui-ci tente de sauver son couple qui part à la dérive, il demande à Anna de plaider sa cause (Oblonski est très volage) auprès de sa femme Dolly.

Dans le train qui la conduit de Saint-Pétersbourg à Moscou, Anna fait la connaissance de la Comtesse Vronski, et du fils de celle-ci, un jeune et fort séduisant officier de cavalerie. 




 Le coup de foudre est immédiat entre les deux jeunes gens. Très vite, Anna Karénine perçoit le danger,  sent qu'elle ne doit pas fléchir : elle est mariée, fortunée, respectée et admirée par toute l'aristocratie de Saint-Pétersbourg, mère d'un enfant. Elle ne peut céder à la tentation. Hélas le jeune Vronski n'aura de cesse de la courtiser et de faire plier ses premières intensions : la passion étant plus forte que la raison, Anna y cède et s'adonne au plaisir dans les bras de son bel officier. Très vite son attitude ouvertement outrageuse la met au ban de la bonne société. Rejettée par celle-ci, bannie des liens matrimoniaux qui la lient à son mari, déchue de ses droits de femme et de mère, Anna se réfugie dans ses amours adultères, assume ses choix de femme, devient demi-folle de douleur, tiraillée entre son fils, son mari,  et son amant, dont elle attend bientôt un enfant. Le drame n'est plus très loin...

Si l'histoire est narrée de façon tout à fait chronologique, on sent que Joe Wright, le réalisateur du film, s'est fait plaisir. Déjà dans "Orgueil et préjugés" il nous avait étonnés voire séduits par sa façon de filmer personnages et événements (on ne souvient notamment de la fameuse scène du bal) : il pousse ici son art cinématographique encore plus loin (quoi qu'il réitère son jeu de caméra dans une autre - et magnifique ! - scène de bal - une mazurka d'une époustouflante sensualité !), se joue des convenances, et fait de Anna Karénine une adaptation très foutraque et baroque : on se laisse emporter dans ses délires... ou pas. 


Pour ma part, j'ai beaucoup aimé cette façon de filmer : Joe Wright nous propose une sorte de mise en abîme du roman qui est lui-même un film qui est lui même une pièce de théâtre, un cirque, une comédie musicale, on ne sait plus trop... Je me suis laissée embarquer dans ses rêveries et jeux de caméras, et c'est en cela que j'ai aimé le film. Là où d'autres réalisateurs se seraient peut-être contentés d'un film classique, Joe Wright apporte sa touche personnelle en filmant les protagonistes, lieux, scènes d'une manière très personnelle sans que cela ne pèse sur l'histoire. Le souci du détail, la beauté époustouflante costumes et des décors ajoute à la beauté de sa réalisation.


En revanche, la prestation de Keira Knightley m'a un peu déçue : je l'ai trouvée légèrement en-deça de son art d'actrice, manquant d'étoffe, le costume d' Anna Karénine semble, au propre comme au figuré, trop grand pour elle. Elle ne donne pas chair au personnage et n'en fait pas cette héroïne follement sensuelle : tout en arêtes saillantes et os, Keira est un peu trop sèche pour le rôle à mon sens. Jude Law campe un mari à la droiture et à la moralité indéfectibles, tout emprunt d'une gravité, raideur et dignité toutes russes, un rôle et un costume austère auquel il nous a peu habitués sur les écran. L'officier Vronski campé par Aaron Taylor-Johnson est, quant à lui, très plaisant à voir.



("Anna Karénine", film dramatique de Joe Wright, avec Aaron Taylor-Johnson, Keira Knightley, Kelly MacDonald, Jude Law, Matthew MacFadyen, Olivia Williams, Emily Watson, Michelle Dockery, Domhnall Gleeson - 2h 10)

Pam Baileys

3 commentaires:

  1. Keira Knightley épuise aussi peut-être sa palette de rôles en costume. Elle est formidable dans "Reviens moi" et "La duchesse", mais effectivement Anna Karenine demande la folie d'une ... Isabelle Adjani ???
    En tout cas ça donne envie de se laisser porter dans une autre époque, oublier le 21e siècle et s'enfoncer dans le romantisme tragique.
    Merci Pam !
    Kate

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  2. Je n'ai pas vu le film. La semaine dernière il n'était toujours pas à l'affiche de l'unique et maigrichon cinéma de ma ville...(pfff!)et je dois avouer avoir été un peu refroidie par la lecture des critiques grappillées ça et là sur le net.
    Mais tu me donnes envie de le voir! Woohoo! De toute façon, j'aime énormément Joe Wright et ses plans si esthétiques. Keira n'est pas la plus voluptueuse des Anna Karenine, très juste! Dis-moi Pam tu as donc revu ton si cher Matthew MacFayden?...Alors...? Toujours aussi folle de lui? ;-))

    Merci Pam pour cet article! Les datchas, les regards brulants, les manchons de fourrure, le mélodrame russe : j'arrriiiiive !!

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    1. Hello Jeeks,
      Oui Matthew Mac Fadyen euhh bon là il a un rôle de frère bedonnant et je le préfère nettement en Darcy :)

      Bisettes

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