Au bureau, je reçois quotidiennement des livres en service de presse. C'est dire si mon bureau est encombré ! La semaine dernière, je suis tombée sur celui-ci et ma première réaction a été "encore un livre sur Marilyn Monroe !". Mais j'aime bien Agnès Michaux, j'aime son écriture, alors j'ai emporté le livre chez moi, parce que je n'avais, en lecture, que Grazia et un vieux Elle de l'été.
De Marilyn Monroe on connait tout, absolument tout. De sa (fausse) blondeur légendaire à ses dangereux cocktails Champagne-Nembutal, de son éperdue quête d'amour et de reconnaissance, de ses errances, de ses béances, de ses larmes, de ses absences sur les plateaux, de sa mort toujours et éternellement mystérieuse.
Agnès Michaux, avec ce roman, ne s'essaie pas à une énième biographie de la Blonde sulfureuse. Bien plus finement, avec une justesse de mots, elle restitue de sa plume ciselée tout le flot d'émotions traversant, ravageant le corps le plus adulé du monde : celui de Marilyn, éperdue d'amour, de cet amour fulgurant, et si bref, pour Yves Montand.
Nous sommes en 1960, Marilyn, mal mariée à Arthur Miller, (le couple part inéluctablement à la dérive), rencontre le couple Simone Signoret et Yves Montand, son partenaire dans le film "Let's make love" ("Le Millionnaire" en français), qu'ils s'apprêtent à tourner sous la direction de George Cukor. Bientôt, l'inéluctable attraction des corps fait son oeuvre. Une nuit. Une seule nuit. Et tout bascule dès lors dans l'esprit, déjà très trouble, de Marilyn. L'amourette prend fin. Montand ne quitte pas Signoret. Marilyn pleure, s'abîme le corps et le coeur, harcèle, devient folle, supplie : rien n'y fait. Le couple français plie mais ne rompt pas.
La Blonde y perd la raison, tourne les "Misfits" ("Les Désaxés" en français, écrit par son mari) dans un état plus que second. Roslyn, dans le film, ressemble de plus en plus à Marilyn : une femme paumée, une femme finie.
Agnès Michaux nous touche ici par l'intensité de son écriture, dans ce roman où peu à peu et en courts chapîtres se dessine le portrait en creux d'une star immensément perdue et fragile, où un homme lutte et se perd, un temps, entre son coeur et sa raison. Sa plume atteint le lecteur juste là où il faut : droit au coeur.
Agnès Michaux "Les Sentiments" (Flammarion. 240 pages. Sortie septembre 2010).
Pam Baileys
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