mardi 12 octobre 2010

Houellebecq, la carte, le territoire et le chauffe eau



C'est peu de dire que j'ai aimé le nouveau Houellebecq. Qu'on me taxe de snobinarde germanopratine si l'on veut, j'assume ! J'étais restée un peu sur ma faim avec ses derniers livres,  et on ne m'invitait donc plus dans les dîners parisiens parce que j'osais dire "mouais, Houellebecq, c'est plus ce que c'était".

Et puis je me suis quand même décidée à acheter "La carte et le territoire", son nouveau roman paru à la rentrée. Parce qu'une rentrée littéraire sans Houellebecq, ce n'est pas une rentrée réussie. Et puis aussi parce que je n'avais pas, mais alors pas du tout envie de lire le nouveau Nothomb.



"La carte et le territoire", c'est l'histoire du chauffe-eau de Jed Martin, qui tombe en rade un matin de décembre. 

Je pourrais ne pas en dire plus et vous laisser, intrigués, filer en librairie. Mais voilà, "La carte et le territoire" c'est bien plus que ça. C'est Jed Martin qui devient artiste en photographiant des cartes Michelin, Jed Martin qui devient riche, très riche, Jed Martin qui rencontre la belle Olga, aussi blonde que russe, Jed Martin, orphelin de mère, et qui ne communique pas (plus) avec son père, Jed Martin qui abandonne la photographie de cartes Michelin pour se consacrer à la peinture, Jed Martin, toujours plus riche, quitté par Olga, qui rencontre Frédéric Beigbeder, réveillonne chez Jean-Pierre Pernaut (un passage du livre totalement désopilant !) fait la connaissance de Michel Houellebecq, apprend la mort (atroce) de Michel Houellebecq. Jed Martin qui collabore avec la police pour élucider le meurtre de Michel Houellebecq, Jed Martin, qui apprend la mort de son père, Jed Martin qui, lui-même, devient vieux. Célèbre. Riche. Seul. 

Mais l'essentiel c'est de se rendre compte, à la fin du roman - qui contient tous les thèmes chers à l'auteur (la vie, la solitude, la mort, l'argent, la vacuité des choses, le cynisme, l'amour, l'état des lieux de la France d'aujourd'hui) - que vaille que vaille et au fil des ans, le chauffe-eau de Jed ne l'a pas lâché.

L'écriture de Houellebecq est, comme dans la plupart de ses livres, toujours aussi désespérée, fataliste, acerbe, drôle, parfois très drôle, pégagogique, en un mot : jubilatoire. 

Voilà ! C'est dit ! Maintenant, je vais pouvoir être de nouveau invitée à diner ;)

"La carte et le territoire" de Michel Houellebecq - éditions Flammarion. Sortie septembre 2010

Pam Baileys

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